Marées vertes

Marées vertes

Les marées vertes en Bretagne

Les marées vertes sont des productions massives d’algues vertes du type ulve, immergées dans des eaux de faible profondeur, dérivantes et ensuite échouées en haut de plage, sur des dizaines et même des centaines d’hectares sur certains sites. Entre 40 000 et 60 000 m3 d’algues fraîches sont ramassées chaque année sur une soixantaine de communes.

Cette algue n’est plus fixée et grandit à la périphérie jusqu’à plus de 20% de sa masse par jour, se déchire avec les vagues ou les courants, et se développe encore à partir de chaque fragment. Très opportuniste, elle se développe grâce à l’effet conjugué de deux facteurs, la lumière et les excès de nitrates.

Quid ?

Avec la réduction du coefficient de marée, d’immenses quantités d’algues ne sont plus touchées par la mer pendant plusieurs jours. Elles pourrissent en haut de plages en dégageant de l’hydrogène sulfuré. Dans certaines zones du littoral, ces amas sont recouverts par le sable et pourrissent à l’abri de l’air et surtout des regards, ce qui les rend encore plus dangereuses. Dans les estuaires, elles s’accumulent sur les bords vaseux des rivières et finissent par imprégner le sédiment de ce gaz sur plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur, tuant toute vie animale et végétale. L’hydrogène sulfuré est un toxique violent qui, par inhalation, a tué de nombreux êtres vivants.

Pas de marées vertes apparentes, mais elles pourrissent sous le sable. C’est aux bords du Yar à Plestin-les-Grèves. Pour indication, au-delà de 500 ppm2, en référence à 486 sur le cadran du détecteur d’hydrogène sulfuré (H2S), en quelques minutes risque de problèmes respiratoires et cardiaques, sans compter l’évanouissement qui fait tomber le nez dans la vase pour la respirer ainsi des minutes durant.

La première victime recensée est un coureur à pied retrouvé mort en juillet 1989 dans un lit d’algues vertes en décomposition sur une plage de la Baie de Lannion, à Tréduder. En juillet 1999, un conducteur d’engin, chargé du ramassage de ces amas d’algues, a été gravement intoxiqué au même endroit que la victime précédente. Il a été plongé dans le coma pendant quatre jours, hospitalisé pendant deux mois, et il lui a fallu un an pour s’en remettre. En juillet 2008, deux chiens meurent brutalement aux abords immédiats d’amas d’algues en putréfaction sur une plage de la baie de Saint Brieuc. Le 22 juillet 2009, un chauffeur de camion transportant des algues en décomposition décède à son volant après avoir les avoir déchargées sur une aire de déchets verts à Launay-Lantic, près de Saint-Brieuc. Le 29 juillet de la même année, à Saint-Michel-en-Grève dans la baie de Lannion, un cheval meurt dans un amas d’algues vertes en décomposition sous le sable, dans lequel il s’est enfoncé jusqu’à l’encolure. Son cavalier est sauvé d’extrême justesse, après avoir perdu connaissance et avoir été soigné en urgence à l’hôpital de Lannion. En juillet 2011, 36 sangliers et marcassins, deux ragondins et un blaireau meurent intoxiqués dans l’estuaire du Gouessant, rivière qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc. Au même endroit, le 8 septembre 2016, un joggeur est retrouvé mort, le nez dans la vase imprégnée d’hydrogène sulfuré. Cette liste de victimes n’est pas exhaustive. Combien de chiens ou d’êtres humais retrouvés morts sur les plages n’ont-ils pas été diagnostiqués noyés, sans que jamais autopsie n’ait été pratiquée pour savoir s’ils n’avaient pas été intoxiqués par l’hydrogène sulfuré des marées vertes ? Mais les victimes ne meurent pas toutes. L’hydrogène sulfuré à plus faible concentration occasionne des toux, des rhinites, des irritations oculaires, des photophobies, des étourdissements.

Par ailleurs, les algues vertes fraîches produisent des substances osméo-protectrices qui permettent la survie dans la mer de germes bactériens issus des rivières. Des baigneurs ont été victimes de dermites bénignes et même sévères dans certains cas.

Les marées vertes privent d’oxygène les espèces animales au point d’en faire mourir en grand nombre. Dans les sédiments, leur putréfaction détruit toute vie. Ce sont principalement des estuaires entiers qui sont touchés, en partie et même en totalité comme celui du Gouessant, alors qu’il est classé comme réserve naturelle.

Enfin, les activités touristiques et récréatives pâtissent de cette forme de pollution du littoral breton.

Ubi ?

Ce phénomène se produit dans les grandes baies peu profondes, bien éclairées, protégées et peu brassées, de préférence au printemps et en été, là où ces algues peuvent profiter au mieux de la lumière et des nitrates qui s’y concentrent. Toutefois les marées vertes tendent à se produire jusqu’en décembre et janvier si le temps est ensoleillé.

Les baies de Douarnenez, Lannion et Saint-Brieuc en sont les points chauds.

Quibus auxilius?

Cette prolifération d’ulves est le résultat des excès d’engrais azotés de l’agriculture conventionnelle intensive. Dans les eaux peu profondes des baies, très bien éclairées, et relativement chaudes, il suffit de peu de nitrates pour doper la croissance exponentielle de cette algue très opportuniste. Ce sont les rivières côtières qui charrient ces nitrates à partir du lessivage des terres agricoles.

Cur ?

Sous prétexte de sortir la Bretagne de son sous-développement économique, le bocage breton a été saccagé. Les talus ont été arasés, les haies arrachées, les rivières rectifiées, les terres drainées, le cycle de l’azote rompu, avec plus de nitrates sur les terres que les plantes ne peuvent en absorber. Des cultures, très polluantes comme le maïs, se sont généralisées grâce à des subventions directes ou indirectes. Voilà comment a été rendu possible le lessivage des terres agricoles et le transport par l’eau de tous ces pesticides et de ces éléments nutritifs, dont les nitrates, jusqu’à la mer.

Quomodo ?

Ces apports de nitrates dans la mer à partir des rivières sont la conséquence d’une politique laxiste des préfets successifs des départements bretons, surtout ceux du Finistère et des Côtes d’Armor. Alors que la loi sur les installations classées et la loi sur l’eau n’ont pas été respectées, ceux qui avaient mission de les mettre en œuvre, n’ont jamais sanctionné les pollueurs. Des dépassements d’effectifs animaux dans les élevages hors sol ont été tolérés, alors que n’était imposée aucune mesure de traitement correspondant à ces déjections supplémentaires. Par ailleurs, parallèlement à ces épandages, les apports d’engrais chimiques n’ont jamais cessé. D’où la saturation en azote des terres bretonnes. Même chose pour le phosphore et les pesticides.

C’est cette politique qu’a condamné le Tribunal Administratif de Rennes le 25 octobre 2007, à la requête de quatre associations : De la Source à la Mer, Halte aux Marées Vertes, Sauvegarde du Trégor et Eaux et Rivières de Bretagne. Ce jugement a été confirmé le 1er décembre 2009 à la Cour d’Appel de Nantes.

Actualités

Lettre ARS

Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre, a publiquement démontré lors d’une conférence animée par le docteur Claude Lesné le danger constitué par l’hydrogène sulfuré issu de la décomposition des algues vertes échouées sur les plages et les estuaires…

Vidéos & Emissions

Algues vertes un scandale d'Etat

Médiaction 2020 S06 : Le scandale des algues vertes

Mercredi 5 février à 14h15, Mélanie reçoit Yves-Marie Le Lay, président de l’association Sauvegarde du Trégor, à l’occasion de la sortie prochaine de son ouvrage « Le scandale des algues vertes : nitrates et gaz toxiques, 50 ans de déni… » aux éditions Libre & Solidaire.

Les algues vertes ont-elles tué en Bretagne?

Le journaliste Hugo Clément et son équipe ont enquêté sur les scandales dus aux algues vertes…